Accueil A la une Soldes d’été : Un échec déjà annoncé !

Soldes d’été : Un échec déjà annoncé !

 

Malgré les efforts des commerçants, on est très loin du compte pour parler de soldes au vrai sens. Au démarrage timide de la première semaine, les soldes ont laissé place à une morosité commerçante dans la plupart des magasins de prêt-à-porter. Un échec d’abord annoncé et ensuite confirmé.

La crainte d’un échec annoncé avant même le démarrage des soldes devient une réalité amère, sur fond d’un échec cuisant au niveau de l’affluence et des ventes. Pourtant, la plupart des boutiques sont à pied d’œuvre pour écouler leur stock, le plus rapidement possible, et ce, depuis la première démarque. Malgré la faible affluence globale à cause de l’érosion du pouvoir d’achat, les commerçants s’évertuent à trouver des idées et astuces attractives pour combler la hantise des prix élevés.

En effet, les soldes saisonniers entrent dans leur 3e semaine dans tous les magasins et boutiques, aux quatre coins de la Tunisie. Malgré tout, depuis le jour du démarrage, on ne se bouscule pas au portillon et les vendeurs sont à la quête d’une clientèle qui a désaffecté fortement la première et même la deuxième démarques. Les gens ne se pressent pas pour faire des achats et des emplettes, sachant qu’on est encore en milieu de semaine et que rien ne presse, même pour parer au plus urgent.

Boutiques semblent désertées

Pourtant, les boutiques réparties dans la capitale font, semble-t-il, le nécessaire pour attirer les clients qui ont déserté les centres commerciaux. C’est que le pouvoir d’achat du Tunisien s’est érodé au fil des ans, sans qu’il puisse revenir à un niveau décent. Conjugué à l’inflation qui galope de mois en mois, malgré un repli global une année sur l’autre. Ce qui a irrité le consommateur et suscité chez lui dégoût et aversion.

Du reste, les vendeurs ont, au fur et à mesure, rivalisé d’ingéniosité et défi pour maintenir l’attractivité des soldes saisonniers. Sur les vitrines, ce fut mentionné clairement qu’il y a des soldes jusqu’à épuisement du stock. L’intention des commerçants est claire, celle de liquider tous les vêtements dans leurs entrepôts et dépôts. Les messages fusaient partout jusque dans les téléphones portables : « Tout le monde le sait déjà, d’autant que l’on a écrit en gros sur fond rouge, c’est les SOLDES », affiche une enseigne de prêt-à-porter française. Un habilleur suédois implanté à Tunis incite les clients fidèles à l’achat : «Les soldes commencent chez nous. Profitez des réductions allant jusqu’à -40% ».

Le Tunisien, peu regardant, se rabat plutôt sur des marques turques et tunisiennes de qualité moyenne. Et parfois, il peut craindre de ne plus recourir qu’à la friperie. Par ailleurs, la loi N°40-1998 régissant la pratique des soldes saisonniers est restée plus de 25 ans sans être amendée ou modifiée, ce qui est néfaste pour le commerce du prêt-à-porter en Tunisie. Le manque de soutien au pouvoir d’achat des ménages tunisiens sur la ligne habillement et vestimentaire, conjugué à l’inflation qui touche le budget alimentaire des ménages, pousse au scénario du boycott implicite d’une large frange de consommateurs empêtrés dans d’autres dépenses supplémentaires, sans oublier les charges fixes qui pèsent sur leurs têtes. Dans tout ce décor, les prix deviennent hors de portée, malgré les réductions et il devient impossible d’acheter des articles en grand nombre.

Des prix gonflés

Les habits de confection turque les moins chers sont soit des tee-shirts parfois trop décoratifs à près de 40 dinars, des casquettes de qualité médiocre à 20 dinars, des blousons rabaissés de 30% ou encore des pyjamas, tous des articles pour l’hiver… Alors que les prix des pantalons, des jeans pour hommes et des robes et jupes sont aussi gonflés pour ne pas être trop repoussants. Les commerçants ont la mauvaise habitude de relever le niveau des prix avant de les solder à des taux de 20%. Soit une manœuvre commerciale « qui passe crème ».

Les articles soldés sont mentionnés d’une pastille rouge généralement pour ne pas perdre de vue la nouvelle collection qui occupe déjà les lieux, ce qui peut dérouter le consommateur et l’inciter à acheter  du tout neuf.

Entre-temps, les prix de vente des articles de consommation courante sont en hausse à cause de la flambée des prix des matières premières (tissus, accessoires …) pour les produits confectionnés localement.

A cela s’ajoutent la hausse des droits de consommation et de douane de presque 100% pour le prêt-à-porter importé et les coûts élevés de transport. Du coup, le consommateur ne sait plus où donner de la tête ou de la voix, empêtrés dans d’interminables dépenses de famille, en période de fin de vacances et de préparation de la rentrée scolaire. Déjà, un fardeau de trop!

Pour rappel, les soldes d’été se déroulent pendant six semaines et se terminent donc le 16 septembre 2024, sauf si une décision de prolongement serait prise pour en profiter davantage lors de la rentrée scolaire.

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Charger plus par Mohamed Salem Kechiche
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